Au delà de "Doune Baba Dieye", plaidoyer pour les populations menacées par l'érosion côtière.

"Le but de toute nation est d’accéder au stade du développement intégral et de permettre à chacun de ces citoyens de vivre la vie qui a de la valeur à ses yeux" Amartya Sen, Nobel d'économie en 1998.

J'ai été par le plus grand des plaisirs à St louis pour une rencontre entre blogueurs plus connu sous le nom de NdadjeTweetup. Ces rencontres, au delà des débats fructueux qui en émanent sont aussi le lieu pour les blogueurs d'affirmer leur engagement citoyen auprès des populations locales. Ce périple nous a mené ainsi au village de Doune Baba Dieye,enfin de ce qu'il en reste. Puisque l'érosion côtière a eu raison de ce village situé dans le Gandiol. 
C'est donc une population entière qui a été obligée de se déplacer. Sans compter que la forte pression foncière réduit les possibilités de relogement. Ces populations relogées devront à priori également changer de mode de vie, leurs activités socio-économiques. Nous risquons ainsi de voir tout un arsenal de traditions, cultures et coutumes de ces peuples menacées par l'érosion côtière disparaître à jamais. Des communautés en proie aujourd'hui à l'avancée de la mer il y'en a à la pelle au Sénégal. 

Et il est presque paradoxal de voir que pendant que certaines îles où villages sont menacés de disparition, d'autres Etats puissants construisent sur leur littoral des îles. Ce qui pourrait tenter certains à penser que l'avancée des mers est une pure conspiration des occidentaux pour plomber le développement de l'Afrique. 
Il ne faudrait pas, cependant, s’avouer vaincu et verser dans la fatalité. Si aujourd'hui l'avancée de la mer a eu raison de "Doune Baba Dièye" c'est en grande partie du au fait que les actions de lutte ont été tardivement entreprises. Ils existent des techniques capables d’endiguer ce phénomène. Mais….. parce qu’il y a un mais…comment agir. En effet des actions isolées peuvent accélérer le phénomène dans des contrées voisines où les dispositifs de lutte ne sont pas pris en compte. Il faudra nécessairement donc privilégier les actions conjointes. C’est des actions qui parfois ne font que reproduire les écosystèmes naturels. Il n’existe pas de solutions miracles, et cette solution n’est pas cher, ce qui serait cher c’est de s’encombrer pour ensuite essayer de se débarrasser des problèmes environnementaux. 

Les populations avec qui nous avons pu échanger avaient préalablement proposé malgré tout des solutions à leur problème. Ces solutions n'ont pas eu, cependant très tôt, un échos favorable auprès des dirigeants. Pour autant des efforts significatifs ont été consentis. C'est la cas des reboisements faits sous la houlette du chef de village de "Doune Baba Dieye". Cependant, il y a un besoin réel de financements et un accompagnement institutionnel de l'Etat pour inscrire ces actions dans la durabilité. L'implantation de filaos et de mangroves a déjà contribué à fixer les dunes de sable et à revitaliser la zone. Au delà de ces actions de lutte contre les effets de l'érosion côtière, des actions de prévention doivent être inscrites. La résilience des populations face à l'avancée de la mer doit être une priorité dans les politiques environnementales de l'Etat du Sénégal au risque d'avoir d'autres "Doune Bab Dieye". 


A l’heure où l’on me parle de décentralisation, je me désole que la traduction de cet acte n’est encore qu’à l’état de discours. Les revendications ou les propositions des populations locales, dans l'effort de développement, ne sont nullement pris en compte. Cela me sidère quelque part qu'en ce 21ème siècle, l’on puisse encore adopter cette démarche top down. Ce qui menace de fait, la participation des populations à la définition de leur politique. Nos gouvernants doivent comprendre qu'il est possible avec le discours -puis par l'action- de faire naître en chacun de sa population, d’un pays, le besoin d’être une véritable nation, le vœu pieux d’un développement commun et bâti sur l’égalité des chances de vivre mieux.




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